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Guatemala

Back to the ocean !

Levés dès l'aube, nous glissons sur les eaux calmes du Rio Dulce portés par le courant vers l'océan (normal c'est un fleuve, t'as déjà vu un fleuve gravir les échelons... Ah si, t'as raison, dans One Pièce évidemment!). Nous passons en revue les merveilles qui nous avaient apaisées à l'arrivée, alors qu'Ernesto menaçait. Des aigrettes grandes, moyennes et petites, blanches ou grises, des perroquets et des toucans multicolores, quelques magnifiques pêcheurs ou apprêtées écolières nous croisent et nous saluent. Les enfants finissent tout juste leur évaluations quand apparaît la ligne d'horizon. Avec le Roxanna, nous effectuons les formalités de sortie du Guatemala avant de passer la barre du fleuve, un haut fond à deux mètres, plus problématique pour eux et leur profond quillard que pour nous qui calons 4 pieds. Ceci fait nous nous retrouvons pour un plouf salé sur la plage des Très Puntas. Mais les tronçons de sable sont au choix très sales ou gardés par des chiens méchants. Qu'à cela ne tienne, nous nous baignerons depuis le Valpar. Oh, surprise, l'eau n'est pas tout à fait salée! Nous sommes pourtant bien dans l'océan, mais le fleuve glisse ici en une nappe limoneuse et froide de deux mètres d'épaisseur, sur l'eau chaude, claire et salée en contrebas dans laquelle paissent les poissons coralliens. Nous profitons donc une dernière fois de l'eau fraîche et douce du bien nommé Rio Dulce!

Hasta la vista Guatemala.

Finies l'eau douce, les parties de volley et les soirées avec les copains. Finie Fronteras bruyante et sale, si charmante au demeurant. Bonjour l'eau salée et l'immensité de l'ocean. Hasta la vista Guatemala, vamos a Panama !

FestIzabal : un bien joli final.

Nous finissons en beauté notre tour de lac par une visite auFestIzabal. Les enfants organisent une partie de cache-cache dans le fortin avec les filles des Delphis et Roxanna. Les adultes profitent de la musique et des danses traditionnelles... Ou pas! Tout le monde se retrouve pour l'impressionnante partie de pelote maya. Coups de coude, coups de genoux, glissades et retournement, les joueurs font preuve d'une belle habilité sur le terrain pentu et détrempé. on attendait tous avec impatience la décapitation du vainqueur, mais les temps ont changés depuis la grandeur de Tenoctitlan. À la partie de pelote succède un jeu de hockey, toujours dans la boue, les joueurs toujours lourdement vêtus, toujours sous le chaud soleil de ce début d'après-midi tropical. La balle enflammée passe de crosse brûlante en crosse incandescente jusqu'à ce qu'elle atterrisse au milieu du public affolé. Nous avions découvert à Chichen Itza l'immense jeu de pelote cérémoniel intimement lié à la culture sacrificielle azteco-maya. Cette partie de pelote grandeur nature conclut en beauté notre découverte du monde maya, il est temps pour nous de quitter le Guatemala.

Deny’s beach : la passagère clandestine!

Ce matin, nous avons remonté une rivière enfouie dans la forêt. Génial de pouvoir se balader au milieu des singes, des fleurs, des crocodiles invisibles, des cactus et de cueillir les fruits à même les arbres pour faire un picnic improvisé ! Sauf que la végétation est vraiment dense cette fois ci et que la progression n'est pas du tout aisée. Eliott et maman sont aux pagaies, papa à la machette dégage le passage à l'étrave, Kicco comme Keliane critique la conduite. Arrive un tronc imposant partiellement écroulé au dessus de l'étroit cours d'eau, simplement retenu par les lianes qui enserrent ses cotés. À peine effleuré, le bout de bois, rongé par les termites, tombe en poussière dans l'annexe... Du bois partout, les termites et les araignées créent l'épouvante et la situation d'urgence difficile à maîtriser. Chacun dégage se qu'il peut, pas facile de faire le ménage quand chaque débris par en poussière à peine touché. Le soir, papa prépare l'annexe pour débarquer à terre découvrir une nouvelle plage, un nouveau resto, un bel endroit : Deny's Beach. À quarte pattes dans la barcasse, il s'escrime à gonfler les boudins, ranger, nettoyer, avant de contentement sur son séant se poser. De la main il effleure le boudin bien gonflé ainsi qu'une énorme mygale bien poilue, passagère clandestine embarquée ce matin. Frayeur, photo et assassinat précèdent un interrogation : a-t-elle embarqué seule ?

Las bocas d’El Rio Polochic

Nous poursuivons notre tour du lac Izabal en visitant un de ses affluents : le Rio Polochic. Nous laissons les vaisseaux mères ancrés à l'embouchure et remontons en chaloupe le cours de la rivière. Les berges sont couvertes d'une dense végétation au sein de laquelle nous découvrons quelques spécimens inconnus : le petit fruit d'une liane, orangé et sucré, des fleurs au look de moulins vent, des orchidées par milliers. Les singes hurleurs emplissent l'air de leurs basses vibrations vocales. De loin en loin, nous les observons se prélasser à la cime des arbres, bras et jambes ballantes de part et d'autre d'une haute branche. Il est tard, nous coupons par une autre voie du delta, croisons des vautours disgracieux, des éperviers magnifiques et nous retrouvons tous à bord pour partager, qui une pâte, qui un rhum guatémaltèque : de l'excellent Zacapa.

Nickel la ville du nickel!

4 heures de navigation au moteur nous mènent à El Estor, bizarrement situé à l'ouest du Lago Izabal. Une bourgade guatémaltèque que nous imaginions insalubre, voire au mieux boueuse, et qui se révèle incroyablement propre, bien tenue et bien équipée... Les larges avenues abondemment éclairées son soigneusement pavées. La mairie est neuve, les églises aussi. Même les quartiers reculés son propres et les jardins soignés, bénéficiant probablement de la manne que représente la mine du précieux minerai en activité à moins de 2km. Hasard ou coïncidence, il se trouve que la ville du nickel est... nickel.

Aux portes du Paraiso

Une rivière brûlante qui se jète en une magnifique cascade dans un Rio gelé. Une fosse de plongée surmontée d'un promontoire naturel à plus de 6m. Nous découvrons aujourd'hui... El Paraiso. Nous remontons jusqu'à la source chaude, y prenons un bain de boues... brûlantes. Couverts d'argile soufrée, nous sautons ensuite tour à tour dans le rio rafraichissant en contrebas, malgré l'appréhension mais poussés par l'effet de groupe. Seul Kicco vaincra sa peur et réussira un saut périlleux suivi d'un atterrissage facial non maîtrisé. Malgré la pluie battante, nous poursuivons la découverte loin en amont du Paraiso. Sur une hauteur, nous nous enfonçons dans un boyau de calcaire fleurant bon l'encens et le feu de bois. C'est un site sacré dans lequel les chamanes Mayas viennent honorer leurs divinités à grand renfort de bougies et de baguettes odorantes. Plus avant, les chauves souris nous effleurent cheveux et visages lorsque nous accédons à une salle dans laquelle nous tenons enfin debout. Le sol est couvert de déjections et nous aussi suite à notre long parcours à plat ventre. Enfin nous rebroussons chemin juste avant de ne nous perdre. De retour dans l'eau glacée sortie des profondeurs de la roche calcaire. Nous nous enfonçons à la nage, frontale vissée sur le crâne, dans les entres de la terre. Les plus téméraires atteignent une cascade souterraine au terme de 200m d'obscure natation à contre courant, au milieu des chauves souris affolées : magnifique et sauvage. L'aventure se termine par une dernière douche chaude et soufrée. Car c'est déjà l'heure de rentrer en "chicken-bus", serrés comme des sardines!

Le roi des alchimistes : pris en otage !

En 13 mois de navigations et de découvertes tout azimut, nous en avons vu des alchimistes ! Rien qu'à bord, les deux garçons planchent sur la transformation du "Quartz de Pacaya" en "Diamants du Nil" ou du "Bronze de marine" en "Or en barre". A Tobago, SpeySide Bay, nous avions découvert comment transformer l'eau en gazole juste avant de nous ruer sur le robinet pour arrêter cette catastrophe. L'eau y était plus cher que le diesel, certes franchement cadeau. Au Marin en Martinique, Caraïbes Gréement transforme chaque jour par centaine, de mini-billes de téflon de la taille de grains de poivre en monnaie sonnante et trébuchante : à un euros la bille, quand un chariot de mât en compte un demi-millier. Au chantier Magdalena, le fils du très conciliant dirigeant Abel a repris les rennes depuis quelques années. Nous passons une bonne semaine de travaux, une attention de tout les instants nous permet même d'avoir des ouvriers pour travailler sur notre coque, sans quoi nous y serions encore. Le samedi , nous remettons à l'eau, pressés de retrouver notre chez nous et de mettre ainsi un terme à une longue semaine d’hôtel et de restaurants dispendieux. Le bateau descend au raz de l'eau, mais le Travelift s'arrête juste avant qu'il ne flotte ! Panne moteur ? Problème majeur ? Non ! Le chef de chantier aux commandes nous indique qu'à ce stade nous devons nous rendre au bureau pour régler la facture ! Et c'est Boris qui s'y colle, loin d'imaginer la suite de l'aventure. "Le fils Abel me reçoit dans son modeste bureau et me présente une facture identique aux prévisions. Le polishage du bateau, partiellement réalisé est facturé au tarif initial et le prix des fournitures est ajusté pour coller au devis, les jours non travaillés sont bien évidemment facturés... Je proteste et me vois opposer un discours probablement rodé depuis longtemps : - Xénophobe : Les français sont tous des râleurs et je suis le dernier qu'il accepte sur son terre-plein boueux. C'est sûr qu'on n'est pas des moutons et qu'on a du mal à payer un polishage 366$ alors que les gars ont travaillé au maximum 10 heures. Soit 36,6$ de l'heure, dans un chantier où les ouvriers sont payés 1200 Quetzal par mois. Soit 120 euros pour 8 heures de travail 6 jours sur 7, avec 15 jours de congés annuels ! - Dédaigneux : Notre bateau pourtant en très bon état, aux dires d'expert, ne méritait pas qu'il lui consacre le temps que ses ouvriers y ont passés. Sa méthode à lui c'est le sablage systématique, évidemment c'est plus cher. De plus, j'étais là pour vérifier que des ouvriers travaillaient effectivement sur mon bateau, à 20$/jours le stockage, il vaut mieux que cela avance ! - Vexé : Lorsque je lui demande une ristourne de 200$ qui me semble être le minimum nécessaire à une poursuite de la discussion, il m'accorde en pleurant un discount de 600Q soit 60 euros ! - Menaçant : A cours d'argument et voyant que je ne bouge pas de ma position, le commerçant me précise qu'ici nous sommes au Guatemala et que ses méthodes sont des « méthodes Guatémaltèques »... Je n'ose imaginé ce qui est sous-entendu, mais lui demande tout de même s'il s'agit là de menaces. Car ici, la « méthode guatémaltèque » s'affiche chaque jour dans les 6-7 premières pages des quotidiens : armes à feux et exécutions sommaires par dizaines. - Rassurant : Il ne s'agit pas là de menaces, mais si je ne paye pas la facture qu'il refuse toujours de modifier, il nous remet à terre et augmente bien sûr, ses charges, des jours de stockage et de la mise à l'eau ratée, jusqu'à notre règlement ! Voici donc un des autres aspects de la « méthode guatémaltèque » : le kidnapping ! - Voyou : Une fois sa pensée précisée, les options qu'il me reste pour négocier sont faibles : PAYER. J'obtempère donc en jetant de dépit ma carte bleue sur son bureau poisseux. Sauf que ce bon monsieur ne prend pas la carte bleue ! Seulement du cash ! Voilà pourquoi aucune TVA ne figure sur la facture ! - Arrangeant : un ami à lui peut éventuellement prendre notre paiement en carte, moyennant 7% de frais : une « tradition guatémaltèque » ! C'est HORS DE QUESTION. - Escroc : Les traveller’s chèques, achetés en France et jusqu'ici parfaitement inutiles, débloquent la situation. Mais nous n'en avons pas assez. Je calcule donc le taux de change appliqué pour répartir le montant entre Dollars et Quetzals. Celui-ci est de 7,65Q/$ au lieu des 7,98Q/$ sur le marché des devises... Encore 4,13% vite gagnés, il revoit son taux de mauvaise grâce à 7,90Q/$ ! Acceptant de modifier ce « taux de change guatémaltèque » bien différent du taux des marchés, au terme de 2h30 de négociations." Le fils Abel possèdent donc bien des cordes à son arc d'alchimiste. D'un coup de souris, il convertit ses ouvriers mayas en ingénieurs américains, une facture en gabegie, mais surtout et c'est là sa plus grande réussite : ses ex-clients en vaches à $ !

Chantier : Ne passez pas par la case « Départ »… Allez directement sur la case « Chantier »

Il faudra une semaine de travail pour faire de menues réparations et peindre les dessous de notre monture soit deux couches de cette peinture pleine de cuivre censée protéger notre coque de l'attaque des algues et des coquillages. Bref, notre bateau fait peau neuve pendant que nous patientons à l'hôtel! Les grands en profitent pour s'avancer dans leur travail scolaire toujours via internet. Keliane en profite pour peaufiner sa technique de retournage de restaurant entrecoupé de nage avec brassard. Silvia court après sa fille et soutient ses grands quand ils doutent de l'utilité du CNED, ce qui revient assez souvent quand même. Boris lave le bateau du sol au plafond, pour une fois qu'il l'a pour lui tout seul, effectue les réparations qui traînaient depuis des mois et vide finalement sa Todo List. Les parents rêvent d'une salade, les enfants de retrouver leur monde... L'hôtel n'est pas une prison, loin de là, mais on est quand même mieux chez soi.

La balle d’Izabal !

Hasard du calendrier, l'Equipe de Voile Olympique du Guatemala participe à une régate organisée sur le lac Izabal à 2 milles de Fronteras. Ni une, ni deux, Eliott enfile son lycra, ses chaussons et rejoint le contingent de jeunes régatiers venu du lac Amatitlan pour en découdre. Emiliano, le coach argentin parle italien, une chance pour Eliott qui a encore du mal en espagnol. L'entraînement se passe bien malgré les 6 mois qui nous sépare de Schoelcher, sa dernière régate et son dernier coup de stick. Nous sommes intégrés comme des princes par l'équipe guatémaltèque : Eliott se voit prêter une voile plus adaptée ainsi qu'une coque moins abîmée pour régater à armes égales et papa se retrouve en Laser sans avoir rien demandé. Quel accueil ! 3 jours de régates plus tard, nos deux garçons se sont vraiment bien amusés au sein d'un groupe très soudé. Ils sont même invités au centre d'entraînement national pour partager le quotidien des Perez, Hernandez ou Benett, champions en herbes qui naviguent 5 jours sur 7 depuis tout petit... C'est tentant ! Car ici, l'équipe est directement prise en charge par le gouvernement. Les coureurs issus des classes défavorisées (cet adjectif prend ici un sens tout particulier, le salaire « normal » peinant à atteindre les 200US$ mensuels) sont dès le plus jeune age détectés et pris en charge à 100% par un comité olympique qui ne lésine pas sur les moyens matériels et humains pour faire progresser ses ouailles. Les pays, les langues, les concurrents, les méthodes de formation, les subventions aux coureurs changent, pas les résultats : Eliott claque la plupart des parcours devant les copains de 14-15 ans qui reviennent pourtant du championnat du monde ! Son résultat final restera handicapé par les 2 premières manches abandonnées sur casse matérielle, il finit donc second. Sur le lac Izabal Eliott a la balle : Bravo Eliott !